vendredi 1 août 2008

En route pour l'éclipse


Un départ chaotique

Aujourd’hui je me lève avec la joie de la découverte, car on part voir une éclipse. D’après des études scientifiques que j’ai faites sur Internet, le meilleur endroit pour la voir est à Yiwu une petite ville au nord-est de Kumul (Hami) au Turkestan Oriental. Les autorités chinoises en ont profité pour dresser un péage et faire payer les milliers de touristes qui vont voir l’éclipse. Le coût pour nous de l’autorisation est beaucoup trop cher : 320 euros ou 3200 yuans. Avec Papa, on s’est dit qu’une éclipse ne se voit pas que d’un seul endroit et que la bande de vision est large et longue. En vérifiant sur la carte et sur Internet, on s’aperçoit que l’éclipse est aussi visible d’un autre petit village. Papa appelle le chauffeur du minibus qu’il a loué la veille et lui dit où on a décidé d’aller. Quand on fini de ranger les affaires, on va prendre notre petit déjeuner. Je ne sais pas pourquoi, mais ce jour ci pour mon petit déjeuner, je ne prends qu’un œuf dur et du pain chinois. Pourtant, Papa dit qu’en voyage, il vaut mieux toujours bien manger quand il y a de quoi manger car on ne sait jamais ce qui nous attend. En sortant de l’hôtel, je tombe sur un monsieur d’environ 65 ans assez robuste qui boite et qui a une barbe vieille de quatre jours. Je discute avec lui et avec son accent -qui parle vite mais plus distinctement qu’un britannique- je comprends, qu’il est américain. Il me dit qu’il vit à Pékin. Il est venu avec sa femme. Elle a à peu près le même âge que lui avec des cheveux blancs. Elle a une véritable attitude de grand-mère : elle fait attention à tout et à tous. Son fils, d’une trentaine d’années parle très bien chinois. Eux aussi sont venus voir l’éclipse. Il est très gentil et avant de partir, il regarde notre plaque d’immatriculation. Il va à Xincheng comme nous et il nous dit que si on se croise sur la route et que l’on a un pépin, il viendra nous aider. Puis il s’en va. Nous aussi, dans notre minibus. Mais, au bout de cinq minutes, Papa se rappelle qu’il faut préparer notre départ en train entre Hami et Xi’an qui durera plus de 23h, juste après l’éclipse. Il demande à Liu Jia si elle a trouvé une solution pour acheter les tickets. Elle lui répond que non mais garantit que l’on pourra les acheter le soir en revenant. Papa se dit que Xi’an, qui est une ville touristique pourrait être la prochaine étape de ces milliers de touristes qui sont venus voir l’éclipse. Il y a donc un risque de ne pas trouver de places. Ca, c’est l’expérience du voyageur que papa est ! Il demande à Liu Jia de trouver une solution pour acheter les billets maintenant ou de les faire acheter par quelqu’un mais elle n’en a pas. A ce moment notre compagnon de voyage indien propose à papa d’aller dans une agence de voyage pour demander à quelqu’un d’acheter les billets. On va alors au grand hôtel de Hami où il y a une agence de voyage. On arrive dans une petite salle remplie de monde où une femme est en train de taper sur l’ordinateur des informations et une autre qui doit vendre les six derniers tickets d’autorisation pour l’éclipse qu’elle a et qu’elle a promis à dix personnes. Dans cette foule, les langues se mélangent : on entend parler australien, britannique, américain et même chinois. Au milieu de ces cris et du stress de la vendeuse d’autorisation pour l’éclipse, Liu Jia lui demande si elle peut nous acheter les billets. Elle écrit notre train sur un papier et elle accepte. Papa et son génie voient que cette pauvre femme, quand les touristes seront partis, n’aura qu’une envie c’est de mettre sa tête en arrière, souffler un bon coup et dormir. Comme Liu Jia m’avait dit qu’elle s’en foutait de voir l’éclipse, papa lui propose bien qu’il en soit désolé, de rester pour acheter les billets si elle ne trouve pas d’autre solution. Là, elle répond une phrase que j’aurais entendu des milliards de fois dans ce voyage avec elle, qui est : « It doesn’t a matter. "Notre voiture commence à rouler et vu sa vitesse, on se dit avec papa que c’est bizarre et qu’à une vitesse comme ça, on arrivera demain matin, bien après l’éclipse au village. On s’arrête au bout de quelques minutes devant une station essence où les voitures sont alignées à attendre l’essence. A ce moment papa proteste et demande de ne pas perdre son temps et de trouver une autre station essence. Il demande aussi d’acheter des melons de Kumul qui sont réputés pour être les meilleurs de la planète. Au bout de 10 minutes à tourner en rond, on trouve des melons mais pas d’essence. On achète trois melons à 5 yuans. Finalement on trouve une station essence au bout d’une petite route de sable et Karam fait le plein. Quand le réservoir est plein il commence à rouler à la vitesse normale et là je me sens soulagé. Puis, je dors en écoutant Jacques Brel et en pensant au trajet entre Nîmes et Monaco pendant lequel j’avais écouté Jacques Brel avec mon grand père.

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