mercredi 20 août 2008

Images sombres de Russie





Rires et tristesses

Comme la veille il n’y a rien d’extraordinaire qui se passe aujourd’hui. Je suis toujours dans ce compartiment à faire les mêmes choses avec papa. On va au restaurant pour déjeuner mais là, il y a quelque chose de nouveau qui se passe. Il y a un Daghestanais qui est complètement saoul. Quand il apprend qu’on est français, il nous parle de d’Artagnan, d’Alexandre Dumas, de Napoléon et de Sarkozy. Cet homme se trouve dans la seconde classe où les hommes, les femmes et les enfants sont entassés et où se mélangent les odeurs de la fatigue, de l’attente, du désespoir, d’une certain pauvreté, mais aussi des moments de joies et d’amour. En allant vers le restaurant, on sent les buveurs, les fumeurs et les gens sales. Le visage de celui qui prépare les plats m’est familier. Je l’observe. Ca y est, je sais, il me fait penser à mon ami Pierre-René que je n’ai pas vu depuis longtemps et que j’aimerais bien revoir peut-être par l’intermédiaire de Balthazar mon ami qui vit en Espagne et qui voit Pierre-René souvent. Puis on mange notre bœuf Stroganov et on retourne au compartiment. Il y a des sonneries de téléphone de tous les côtés pour le travail et moi j’écris. Papa imite Harry devant la camera et on rigole bien. Harry était notre traducteur en Mongolie Intérieure, qui comme tous les Chinois a choisi un nom en anglais mais je ne sais pas pourquoi il a choisi un prénom dans lequel il y a un H et deux R, des lettres imprononçables pour un Chinois. Donc, quand il disait son prénom ça devenait ALLI. Je reprends mon écriture pour pouvoir être à jour. Puis, avec papa, on reste tous les deux dans le compartiment et on attend d’arriver à Astrakhan. Pour passer le temps, on regarde par la fenêtre et on voit que l’on passe des montagnes aux steppes et que l’on se rapproche peu à peu de l’Europe. Il y a dans ce monde désert quelques grains de sable humains qui habitent dans des maisons toutes cabossées dans un endroit que l’on peut à peine appeler « village ». Cet endroit est rempli d’histoire. Il y a 15 000 ans est née la civilisation indo-européenne qui s’est ensuite divisée en deux groupes, le premier qui est allé vers l’actuel Inde et un autre vers l’actuelle Europe. C’est pour cela qu’on l’appelle « indo-européen ». Ces paysages nous mènent peu à peu vers Astrakhan. Un peu plus tard en retournant vers ce wagon qui était jadis rempli, je vois que la seconde classe se vide au fil des gares. A chaque arrêt, des vieilles femmes viennent en courant, des sacs à la main pour vendre quelques petits aliments pour pouvoir ramener de quoi manger pour leur famille. On s’installe dans le compartiment et papa se repose pendant que moi j’écoute de la musique. Puis, on appelle Webistan, le studio et je parle à mon cousin Soheil qui rentre tout juste d’Italie. On s’arrête dans une gare où le quai est coupé entre trois rails et où les marchandes crient. J’observe et je vois une femme qui a un bébé dans les mains, qui est enceinte et sa fille à ses côtés d’environ 13 ans, est aussi enceinte. Je continue à marcher pour aller acheter des glaces comme me l’a demandé papa. En y allant, je parle avec deux jeunes Russes et je vois qu’ils connaissent Arshavin, le grand joueur de football russe aussi connu que Cristiano Ronaldo. Il me passe un peu de leur Coca, puis je retourne vers papa et je mange une glace, lui deux et il en donne une à « montgolfière » qui est en fait Kazakh. Quand le train part, on retourne au compartiment et je commence à jouer aux échecs et je perds. Puis, après plusieurs parties, je gagne. J’ai parlé avec Mina, ma grand-mère, mais je n’ai pas réussi à parler avec Titou et Djanan. Il est temps de se préparer pour notre arrivée prochaine à Astrakhan et je fais les derniers ajouts dans mon texte et je range tout.

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