dimanche 17 août 2008

Solitudes sereines

Ecriture et réflexions sur mon père

Ce matin je me réveille dans ma petite chambre qui donne sur le lac et par la fenêtre je regarde cette étendue bleue. Par sa longueur, elle fait penser à un départ vers l’inconnu et par sa rondeur, elle fait penser à un voyage qui nous enferme, nous isole ; pour écrire, réfléchir et imaginer des histoires, c’est l’endroit idéal qui nous fait voyager en nous isolant. C’est dans cette atmosphère particulière que je peux prendre mon ordinateur et sur cette chaise en osier qui me fait souffrir le martyr mon postérieur, et je commence à penser aux visages de ces hommes que j’ai pu rencontrer, les rondeurs de ces corps que j’ai pu entrevoir et aussi ces sentiments que j’ai pu comprendre. Mes doigts qui gigotent et dansent sur ce clavier et ce bruit de tic et de tac qui en même temps remplit papa de joie car c’est le son de l’écriture mais ça l’empêche de réfléchir. C’est sûrement pour ça que, dans cette matinée où il fait plutôt froid dans les rues il va suivre le chant des arbres et de la forêt, appareil photo et camera à la main pour réfléchir avec comme son la musique des oiseaux. J’écris, puis quand j’ai fini mon premier texte, je me lève et me promène dans cette maison vide de corps mais rempli d’âme où se mélangent crainte, dégoût, beauté et joie ; où il faut s’inquiéter de ne pas être heureux ; où il est aussi important de penser que de se relâcher. J’entends le bruit désespéré de cette porte qui résiste à l’homme qui veut la pousser. C’est papa qui entre, il est heureux : il a pensé, photographié et il aime la vie. C’est un homme qui vit au moment présent en pensant à la vie qu’il a vécue, à ce qu’il n’a vu qu’à moitié qu’il aurait voulu voir tout entier, à refaire sa vie en changeant les moments tragiques ou magiques de sa vie. Dans tous les sens, c’est un homme d’espoir, de bonheur c’est un homme qui vit. Pour satisfaire cette joie quand il me voit écrire, je reprends cette action et je me mets à écrire et papa repart pour me laisser seul, à penser rêver et à faire voyager. Je lie les mots entre eux par des images, je les fais danser, chanter et s’enlacer pour leur donner une vie et aussi, pour que ceux qui vont les lire se sentent entrain de me regarder écrire au bord de cette étendue bleue et en s’imaginant peut-être voyager avec moi comme un commandant de bord dans les eaux du bonheur, de la joie, de l’amour et de la découverte. Papa revient et me dit que dans cette promenade avec la nature, le chant des oiseaux l’ont emmené vers le haut d’une colline où se trouve un hôtel d’où il peut voir le lac à merveille et d’où il peut rêver. Plus que tout, cet endroit est assez haut pour d’un coup de vent, envoyer enroulés dans une toile mes textes à maman ; je suis content et j’écris. En plein milieu de ce troisième texte, j’entends encore les cris de cette porte qui résiste à se faire ouvrir mais finalement elle craque par la force de papa qui en prononçant des paroles sans la toucher, arrive à lui faire changer d’avis.

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