samedi 26 juillet 2008

Entre la mine et la transhumance






Le noir de la mine et le vert des pâturages

Aujourd’hui, je me réveille au milieu de ce dortoir de quatre lits durs qui te font mal au dos toute la nuit. Pour une fois, je suis plus tôt content de me réveiller car nous devons partir en voiture pour Zhangye. Je me retrouve face à papa et Yang Dong qui prennent leur temps alors que nous devons partir vite. Ca, c’est la vie de groupe : trouver un rythme commun à tous sans s’engueuler. Je décide d’avancer le rythme et descends un sac, puis deux, puis trois, puis quatre et ainsi de suite jusqu’à ce que je réalise que j’ai tout descendu. J’attends les deux retardataires mais ils n’arrivent pas ; je remonte pour voir où ils sont et je les retrouve devant la fenêtre en train de regarder, de filmer et de photographier ce qui est la raison d’être de la ville de Reshui, à savoir la mine et son usine. C’est un ensemble de bâtiments entouré de dizaine de montagnes noires et terrifiantes, de charbon qui vous engloutissent en un regard par leur énormité et leur sobriété. Hautes de quelques mètres, ces pyramides sont transportées par des hommes recouverts de noir, le noir des mines, du travail, du charbon mais aussi le noir qui fait leur vie. Ces hommes les posent en pyramide comme à l’abandon et le soir avant de se coucher pour oublier la dureté du travail, ils se dirigent dans une baraque pour boire entre travailleurs des tas de bouteilles de bière et vont dormir bien peu. Le lendemain, ils vont dans la salle de bain, se préparent et font quelque chose qui leur est naturel : ils crachent un liquide noir charbon mélangé à un reste de bière. Cette toilette matinale finie ils sortent de chez eux et regardent le ciel noir de la nuit une dernière fois en se disant qu’ils n’en ont toujours pas vu un bleu car ils vont travailler quand le soleil dort toujours et ils finissent de travailler quand le soleil dort déjà. Ils déposent les charbons à l’extérieur pour que les camions les transportent vers un autre endroit. Les camions partent dans tous les sens et nous dans notre petite voiture, nous prenons la route pour rejoindre la gare de Zhangye où l’on doit prendre un train pour Turpan. Quelques minutes plus tard, on se retrouve devant une tente autour de laquelle broutent des dizaines de chèvres, de moutons et de yacks. On descend de la voiture et l’on voit que c’est la dernière famille tibétaine à avoir gardé son bétail en bas de la montagne et que d’ici peu, ils vont transhumer vers le haut de la montagne. Ces tibétains nous invitent à rentrer dans leur tente au milieu de laquelle un liquide blanc dans une sorte de bassine, chauffe avec du charbon nous entraînant dans des mélanges d’odeur et de goûts, lorsque l’on boit ce thé étrange car c’est du thé au beurre de yack. L’homme de la maison est bronzé avec les yeux bridés et une casquette tibétaine sur la tête. Notre thé fini, nous disons au revoir à nos nouveaux amis de voyage et reprenons la route.

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